samedi 9 janvier 2010

L'identité nationales

L'actuel « grand débat sur l'identité nationale » voulu par Nicolas Sarkozy est pour nous l'occasion de reprendre et d'approfondir la conception maurrassienne de la nation et de la nationalité. Ce thème est au centre de notre pensée nationaliste et l'originalité de nos réponses en la matière est de nature à attirer à nous un certain nombre de patriotes qui s'égarent dans des voies périlleuses et dans des définitions fausses. Nous commencerons par passer au crible de la critique les deux plus courantes de ces mauvaises formules de la nation, que sont la nation-race et la nation-contrat, pour examiner ensuite la valeur de la formule maurrassienne.
Le point de vue racialiste est bien sûr le fait d'une certaine extrême droite qui, de Gobineau aux nationalistes révolutionnaires d'aujourd'hui, finit par rejeter la France pour lui préférer les identités régionales, une prétendue nation européenne, l'Occident ou encore la race blanche. Mais il ne faut pas oublier qu'il s'agit aussi d'une conception républicaine qui prend corps à travers le mythe de « nos ancêtres les Gaulois », cher aux manuels scolaires de la Troisième République et à travers celui des « frontières naturelles », cher à Danton. Dans le cas de ces deux mythes républicains, il n'est plus question de renier la France mais de lui conférer une sorte d'identité immuable qui ne devrait plus rien ni à l'action unificatrice des rois capétiens, ni à l'action civilisatrice du christianisme. C'est un déni d'histoire en quelque sorte.



Il n'est pas difficile de montrer que ces théories naturalistes sont absurdes : d'abord, il n'existe nulle part de race parfaitement homogène, ensuite la Gaule n'est pas la France (n'oublions pas que pour les Romains, l'Italie du nord formait la Gaule cisalpine !) et l'apport gaulois sur le terrain de la langue et de la civilisation est mineur, enfin les frontières sont des conséquences de l'histoire et non des causes (si le Rhin est une frontière, le Rhône ou la Loire auraient très bien pu en être d'autres !). Comme l'écrit Maurras dans Anthinéa : « aucune origine n'est belle, la beauté est au terme des choses ». Autrement dit, il ne faut pas figer la formule de la nation dans ses prémisses géographiques ou ethniques mais considérer comment ces données initiales ont servi de supports aux événements historiques ultérieurs qui aboutirent à la France.
Le point de vue contractualiste se présente à nous comme l'extrême opposé du point de vue racialiste. Ses partisans se recrutent surtout parmi les républicains les moins attachés à la France charnelle, celle de l'histoire et de la géographie, et parmi les droits-de-l'hommistes en tous genres. Pour Rousseau, qui en est le père, il faut à tout prix fonder la cité sur l'adhésion volontaire de ses membres. Tout autre forme de société, dont l'existence, la forme et les institutions seraient héritées de l'histoire, est condamnée comme irrationnelle et, surtout, comme pourvoyeuse d'injustice. Ce contractualisme semble avoir la préférence de MM. Sarkozy et Besson si l'on se fie aux documents qui figurent sur le site du « grand débat » (l'identité nationale serait tout entière exprimée par la Déclaration des droits de l'homme, par les textes constitutionnels de la Vème République et par un choix d'œuvres littéraires). Elle présente sans doute à leurs yeux l'avantage de permettre une assimilation rapide des masses d'immigrés qui deviendraient Français simplement en manifestant leur adhésion à quelques principes moraux et juridiques issus de la philosophie des Lumières.


Comme la théorie racialiste, le contractualisme ne résiste pas à la critique. Déjà Renan dans sa célèbre conférence « Qu'est-ce qu'une nation ? » percevait la difficulté de faire reposer l'édifice social sur la chose la plus fragile et la plus inconstante qui soit : la volonté individuelle. Déjà, il reconnaissait, plus ou moins entre les lignes, que si la conscience d'appartenir à une communauté nationale existait chez les Français c'était le fruit de l'histoire et notamment de l'histoire d'avant 1789 plus que du fameux « plébiscite permanent » dont les modalités d'organisation m'ont personnellement toujours laissé songeur... Outre son artificialité et sa fragilité, il faut considérer un autre défaut de la position contractualiste : ses potentialités totalitaires. Les disciples les plus conséquents de Rousseau au XXème s'appellent Lénine, Mussolini et Hitler, dans la mesure où ils ont bien compris que si l'on voulait faire passer le Contrat social du mythe à la réalité, il fallait entretenir une tension permanente dans la société et exiger des citoyens qu'ils abandonnassent, non plus seulement en théorie mais aussi en pratique, leur autonomie individuelle pour fusionner dans l'Etat.
A tous égards, la position maurrassienne apparaît dans ce débat comme le « juste milieu » aristotélicien, c'est-à-dire, selon une expression plus heureuse, comme le « milieu juste » entre ces deux extrêmes que sont le racialisme et le contractualisme. Maurras écrit dans Kiel et Tanger : « Les organes de large unification, les créateurs de grandes nationalités, ce ne sont pas les personnes, leur troupeau immense de petites volontés autonomes. Celles-ci bornent leur champ à l'intérêt particulier de chacune d'elles et à celui, tout limitrophe, de la famille qui est le « prolongement » de soi. C'est tout ce que l'on peut demander au citoyen librement consulté. En histoire, tout le surcroît vient d'une race d'êtres bien différente, il vient de la petite poignée des chefs : fondateurs, directeurs, organisateurs. » Par là, il remet l'Histoire, – la grande exclue des deux autres conceptions –, dans le jeu. Il rétablit les droits des véritables auteurs de la nationalité française : les rois capétiens et les fortes personnalités qui les ont servis. Il affirme encore dans L'Action Française du 23 juillet 1916 : « il est vrai que la nationalité n'est pas un phénomène de race. Il ne s'ensuit pas qu'elle soit le résultat artificiel d'un acte de volonté contractante. Sans doute, et avec une certaine liberté, nous adhérons à notre race, à notre nationalité, à notre nation, mais on adhère comme on consent ». Ici, il renvoie dos à dos le racialisme et le contractualisme tout en précisant la place qu'il concède à la volonté individuelle, celle du consentement.


L'aristotélisme de Maurras est d'ailleurs plus profond qu'on ne le dit habituellement. L'expression du présent débat dans les termes de la métaphysique d'Aristote devrait permettre de le montrer aisément. On sait que pour le Stagirite, tous les êtres sont constitués de matière et de forme, c'est-à-dire, d'un élément informe et qui pourrait être potentiellement beaucoup de choses et d'un élément formel qui rattache l'être à son essence, qui lui confère une vie propre conformément à une nature particulière. Sous cet éclairage philosophique, on peut dire que la conception de la nation-race prétend se passer de forme. Elle ne prend en considération que la matière. Comme dans la philosophie de Parménide, elle nous dit que le changement est une illusion, qu'une chose est ce qu'elle est, qu'elle est pour toujours fixée dans son immutabilité. La conception de la nation-contrat, à l'inverse, prétend, elle, se passer de la matière. Au diable les Gaulois, les Romains et les Francs, au diable l'histoire de la formation de la France, le christianisme, etc. Pour être Français, il suffirait de le vouloir, d'en exprimer le désir et de se plier à quelques formalités administratives et symboliques. C'est le changement permanent. C'est même très exactement le changement sans sujet du changement ! Pour qu'une chose change, reçoive une nouvelle forme, encore faut-il qu'elle préexiste à ce changement ! La conception maurrassienne, pour sa part, prend en compte à la fois la matière et la forme. Elle considère que pour que le changement (ou l'évolution) soit possible, il faut qu'il existe un sujet, un support à ce changement, une matière donc. C'est pour cette raison que nous ne méprisons pas « la terre et les morts » pour reprendre la formule de Barrès. Cela dit, notre conception admet également que cette matière ne peut exister sans la forme, sans l'idée de la France, sans cet élément dynamique né de l'Histoire et qui rend possible, par exemple, l'intégration (prudente et limitée !) de nouveaux peuples ou de nouveaux territoires.
La raison pour laquelle MM. Sarkozy et Besson font aujourd'hui fausse route est la suivante : ils ont conscience d'une crise de la matière-France, liée principalement aux changements quantitatifs sans précédent que notre peuple a subis en quelques décennies (immigration massive, extra-européenne extrêmement difficile à intégrer) mais ils n'ont aucune conscience d'une crise plus profonde de la nation-forme, c'est-à-dire de l'idée de la France. Pis, ils participent à l'aggravation de ce problème en excluant de leur débat l'histoire, la géographie et la religion pour tout réduire à l'idéologie des Lumières et à la forme républicaine de gouvernement. Le principal obstacle aujourd'hui à toute réflexion sérieuse sur l'identité nationale... c'est la République !


Stéphane Blanchonnet

vendredi 20 mars 2009

Communiqué du Centre Royaliste d'Action Française

Nadine Morano, prétendument ministre de la « famille », s’avisant que les temps changent, avec presque 10% de familles recomposées et 14% de familles dites « monoparentales », nous propose une loi élargissant aux tiers la possibilité de partager la garde des enfants. Bien entendu ces tiers peuvent être des homosexuels, d’où une réaction fort pertinente du ministre du logement Christine Boutin qui voit dans cette loi une réintroduction détournée de la notion d’ « homoparentalité ».

Il est quand même étonnant qu’une fois de plus le désir d’enfant des adultes prenne dans notre législation le pas sur le droit des enfants à avoir une famille la plus équilibrée possible selon le droit naturel.

L’argument de madame Morano est fort discutable car il s’appuie sur la progression constante depuis ces trente dernières années de la décomposition du tissu familial, ce que les sociologues définissent pudiquement par le phénomène d’ « individuation ».

Le système libéral considère l’individu comme consommateur et se méfie des communautés naturelles comme les familles ou celles dites de destin selon l’expression de Gustave Thibon, comme la province ou la nation, et pousse à l’individualisme. Ainsi ce n’est plus comme communauté qu’est considérée la famille, mais comme un droit au bonheur…Une forme de consommation en quelque sorte. Tout le monde doit avoir sa voiture, son réfrigérateur et son enfant…Soljenitsyne parlait du naufrage spirituel de l’occident, lequel s’observe par la perte du sens, du bon sens commun qui devrait guider nos édiles dans leurs choix politiques. Bien sûr, une telle décision serait pain béni pour le mouvement gay et lesbien, toujours prêt à s’engouffrer dans les brèches législatives.

Nadine Morano pense donc qu’il faut être de son temps en accompagnant les mœurs. Mais méfions nous de ces raisonnements spécieux : 25,1 % des hommes de 12 à 75 ans déclarent consommer une boisson alcoolisée tous les jours de l’année, pour les 65-75 ans on atteint 65,8 % . Doit on en déduire qu’il faut légiférer en systématisant l’usage de l’alcool ?

Autrement-dit, les familles éclatées, recomposées et homoparentales doivent elles être considérées comme les expressions de la nouvelle norme familiale ?

Le Centre Royaliste d’Action Française met solennellement en garde le gouvernement de la République : Les familles de France en ont assez d’être aspirées vers le bas par des législateurs lâches qui alignent avec démagogie leurs réformes sur les demandes et les aspirations les plus douteuses et bien en vogue chez ceux qui font l’opinion. Les conséquences d’une telle politique seront désastreuses aussi bien au plan social qu’au plan éthique.

Nous ne voulons pas de la société que vous nous préparez.

Olivier Perceval

vendredi 6 mars 2009

L'économie chez Jacques Bainville.

Jacques Bainville (1879-1936), membre de l'Académie Française, historien, mais peu connu comme chroniqueur économique. Pour connaître ses idées économiques, lisez ces extraits d'articles :

"L'épargne est l'origine du capital comme elle est la justification morale du capitalisme, puisqu'elle représente une privation, un effort et même un sacrifice. Car celui qui ne consomme pas tout ce qu'il a gagné pense aux autres au lieu de penser à lui-même. Il pense à ses enfants, à ses successeurs. Il pense, sans le savoir à tout le monde. Il n'y a eu de civilisation qu'à partir du jour où des hommes, au lieu de manger tout le gibier de leur chasse et de se gaver, ont fumé ou salé de la viande, ce qui a permis à la tribu de se livrer à d'autres travaux." L'Action française du 6 juin 1925.

"Il est aisé de médire du capital. On peut, à loisir, l'appeler "odieux". La difficulté est de le remplacer et de ne pas avoir besoin de lui. Qu'il soit indispensable, c'est sa justification pratique et aussi morale. Qu'est-ce, en effet, que le capital ? C'est de l'épargne. Et que représente l'épargne ? Un effort, un sacrifice, une privation. Le premier capitaliste a été le chasseur des âges primitifs qui, au lieu de dévorer toute sa venaison, en a fumé ou salé une partie, pour mettre sa famille à l'abri de la faim. Au commencement de l'épargne, il a le renoncement à un plaisir immédiat." Le Capital, 7 octobre 1927.

"Nous nous appercevons que le développement du confort et la diffusion du bien-être tiennent au développement même du capitalisme." Le Capital, 19 juillet 1928.

"En Allemagne, en Angleterre, les assurances sociales prêtent à des abus désastreux. Elles constituent une charge écrasante pour le budget, car, bien entendu, c'est sur le budget qu'elles retombent. On a fait, surtout en Allemagne, des peintures très exactes des effets qu'elles produisent non seulement au point de vue financier, mais au point de vue moral et psychologique." La Liberté, 17 juin 1929.

"Rien de plus terrible que la liberté donnée à l'Etat d'imprimer du papier-monnaie. Cette liberté, la Révolution en avait abusé. La Banque avait été interposée entre l'Etat et la redoutable machine à fabriquer des billets. Tant que la Banque a gardé son indépendance, le gaspillage financier, inhérent aux démocraties, a été contenu en France par ce garde-fou." L'Action française, 2 novembre 1925.

"L'impôt sur le revenu devient une monstruosité quand on l'applique comme chez nous. C'est-à-dire qu'on l'applique seulement à un certain nombre de personnes." L'Action française, 22 avril 1934.

"La vérité, remarque le professeur viennois von Mises, c'est que le capitalisme, fondé sur l'initiative et la responsabilité, a été vaincu par le socialisme et vaincu, si l'on peut ainsi dire, dans son âme parce qu'il a fini par céder à l'étatisme et à l'interventionnisme et parce qu'il s'est placé lui-même sous la protection de dieu Etat. Le Dr von Mises conclut que si le monde n'est pas encore entièrement ruiné, c'est parce que le capitalisme n'a pas encore entièrement disparu." Le Capital, 12 septembre 1932.

jeudi 2 octobre 2008

La nation chez Adam Smith

Adam Smith a fait précéder sa théorie économique de son célèbre Essai sur la nature et les causes de la richesse des Nations (1776), par des travaux de philosophie morale, Théorie des sentiments moraux (1759).

Il emprunte aux stoïciens les deux idées selon lesquelles chacun à le devoir d'assurer d'abord sa propre survie et est mieux à même de le faire qu'aucun autre. En économie, cela aboutira à sa doctrine du libéralisme : il faut laisser chacun poursuivre ses propres buts et, ce faisant, chacun participera à la prospérité du tout. Cette intuition s'est révélée juste. L'économiste Friedrich Hayek, Prix Nobel d'économie 1972, a montré que le consommateur savait mieux que le planificateur ce qui était bon pour lui.

Mais cette économie de marché ne fonctionne que si préexiste un contexte culturel préalable : valeurs morales du travail, de l'épargne, du risque, de l'entreprise, de l'honnêteté. Sans ce cadre moral, les mécanismes ne peuvent donner la plénitude de leurs résultats, d'où les problèmes de nombreux pays sous-développés, dont l'armature culturelle est difficilement compatibles avec le fonctionnement d'une économie de marché.

Le raisonnement d'Adam Smith sur le rôle de chaque individu qui, en poursuivant ses objectifs propres, participe au bien général s'applique également aux nations. Adam Smith, dans sa Théorie des sentiments moraux, met le patriotisme au premier rang des valeurs civiques. Il condamne sans appel le cosmopolitisme. Il appartient à Dieu de se préoccuper de toute l'humanité. L'homme, ayant des lumières plus modestes, doit se préoccuper en priorité de ses proches, de sa famille et de sa nation. Pour Adam Smith, la nation est tout particulièrement importante dans l'ordre de la morale naturelle, car notre sécurité et notre prospérité dépendent directement de la sécurité et de la prospérité de la patrie. On ne peut être libre sous occupation étrangère.

Adam Smith précise bien : "Nous n'aimons pas notre pays seulement comme une part de l'humanité. Nous l'aimons en soi, indépendamment de ce genre de considération." Dans les relations internationales, Adam Smith estime que si chaque nation défend son propre intérêt, elle participera mieux à la prospérité du tout que si elle prétend gérer directement les intérêts de l'humanité. Adam Smith reproche aux hommes de système de vouloir diriger les hommes comme des pièces sur un jeu d'échec.

Les hommes comme les nations sont les mieux à même de savoir ce qui est bon pour eux ou pour elles.

Les cosmopolites, comme les planificateurs, ont le plus haut degré de l'arrogance. Car ils croient savoir ce qui est bon pour eux.

L'homme est naturellement attaché à sa famille et à sa nation. il faut donc le laisser en priorité s'occuper de ses enfants : il le fera mieux que l'Etat. Il faut aussi le laisser être patriote. C'est en aidant à la prospérité et à la sûreté de sa patrie qu'il aidera le plus sûrement l'humanité.

Adam Smith concevait les libertés comme émanant des traditions nationales et non d'un raisonnement en termes de droits absolus et abstraits.

lundi 29 septembre 2008

Le coût d'une Monarchie

L’un des arguments souvent opposés à la Monarchie est son coût qui serait forcément dispendieux… Dans un article publié il y a deux ans par « Le Figaro », Stéphane Bern remet quelques pendules à l’heure : « La reine et sa nombreuse famille coûtent à chaque contribuable britannique 62 pence par an, soit 90 centimes d’euros, un montant en légère augmentation dû au renforcement des mesures de sécurité autour des Windsor.

(…) A y regarder de plus près, le coût de la monarchie a augmenté l’an passé de 4,7 % pour un montant global de 37,4 millions de livres sterling (54,2 millions d’euros), soit une répercussion d’un penny par an et par citoyen.

« Pour 62 pence, on peut s’acheter un billet pour voir une minute du match Angleterre-Portugal samedi en quarts de finale », a plaisanté Alan Reid. Il aurait pu donner d’autres exemples pour illustrer le coût de la famille royale à une époque où chaque institution doit justifier son existence par une rentabilité forcenée (…).

Combien de temps faudra-t-il encore que la reine d’Angleterre justifie le fait d’être une icône vivante pour un milliard de sujets à travers le Commonwealth ?

Après tout, elle rapporte dix fois ce qu’elle coûte à nos voisins dans la balance des paiements ! Quel touriste japonais irait faire le pied de grue devant Buckingham Palace sous une pluie cinglante si la reine ne justifiait pas une relève de la garde colorée ? sans compter l’abondance de palais royaux à visiter dont la couronne peine à financer l’entretien sur ces 62 pence par an.

« La famille royale est, dans ce pays, la seule chose qui vaut ce qu’elle nous coûte » avait dit un jour ministre travailliste. De fait, loin de toute polémique, la maison de Windsor est une valeur sûre, comparée à l’argent public gaspillé par certains membres du cabinet de Tony Blair. (…)

D’autant que, chaque année, toujours pimpante à 80 printemps, la reine effectue quatre cents engagements, reçoit des centaines de dignitaires internationaux, régale des dizaines de milliers de convives, représente la Couronne dans le monde entier et entretient une famille nombreuse qu’elle utilise comme des agents publicitaires et touristiques. (…)

A titre de comparaison, le coût de la présidence de la République française est de 82,5 millions d’euros, soit 1,30 euro par an et par habitant. »

Stéphane Bern pourrait y rajouter le coût d’une élection présidentielle, plus élevée à chaque fois, du fait des frais de « communication »…

D’autre part, il n’est pas certain que l’actuel locataire de l’Elysée soit aussi populaire que la famille royale anglaise dans son pays…

Certains rétorqueront que le poids d’un président français est plus important que celui de la reine d’Angleterre ; sans doute, et cela tient aussi à l’histoire constitutionnelle et politique propre à la France, en particulier dans le cadre de la Ve République fondée par un véritable homme d’Etat conscient de son rôle et de ses devoirs, même si la pratique de celui-ci peut susciter des critiques en certains domaines. Mais, et sans même évoquer ce que serait cette Monarchie active « à la française » que nous appelons de nos vœux et qui serait forcément différente de la Monarchie britannique, il n’est pas inutile de rappeler la fameuse phrase de Régis Debray, ancien conseiller de François Mitterrand : « Il manque à la République une famille royale »… Et il ajoutait que celle du Royaume-Uni jouait un rôle important dans la pérennité du Commonwealth en la comparant au rêve pas vraiment réalisé d’une Union francophone mondiale qui jouerait le même rôle d’influence…

Si l’on veut diminuer le train de vie de l’Etat, encore serait-il bon que sa magistrature suprême donne l’exemple : sans doute, par économie aussi, faudrait-il faire appel à ce qui n’est pas le Pouvoir d’un homme mais celui d’une famille. Le cas britannique peut y faire réfléchir…

JP Chauvin

jeudi 25 septembre 2008

Bainville : l'homme et l'héritage

Bainville se servait de l'histoire comme le biotope du politique

Heureuse et salutaire initiative que cette réédition du remarquable travail de Christophe Dickès, issu de sa thèse de doctorat d'histoire soutenue en 2004, et consacrée à Jacques Bainville. On connaît louvrage des Dominique Decherf, Bainville, l'intelligence de l'histoire et l'opus de Dickès vient avantageusement compléter la mince bibliothèque universitaire bainvillienne.

La politique par l'histoire

Dès la première page de son introduction, l'auteur marque sa surprise de «voir la pauvreté de la littérature sur cet homme et son oeuvre », précisant que « depuis sa mort en 1936, on recense en effet moins d'une dizaine d'étudiants ou d'universitaires français qui se sont penchés sur ses écrits». Il est vrai qu'à côté du méridional Maurras, son maître, Bainville, plus septentrional par ses origines lorraines, s'est toujours montré plus discret au sein de la jeune et remuante Action française du début du XXe siècle. À travers son objet d'étude, Dickès nous donne à revisiter toute l'histoire européenne de 1815 à l'avènement d'Hitler, indiquant par là combien Bainville se faisait fort de scruter les moindres événements politiques, économiques et sociaux en vue d'en dévoiler les ressorts les plus intimes. Véritable horloger suisse dans le domaine de la géopolitique, Bainville se servait de l'histoire moins comme d'un éclairage (posture classique de l'historien qui cherchera avant tout à collecter une somme sur telle époque ou tel personnage) que comme le biotope du politique par excellence.

L'homme Bainville

Un homme étant, selon Aristote, un animal politique, c'est tout naturellement que Bainville lui consacrera une place centrale dans l'observation des faits sociaux: «L'homme, à toutes les époques et dans tous les siècles, se ressemble, il a les mêmes passions, il raisonne et il se comporte de la manière dans les mêmes cas. C'est le point capital. Hors de là, il n'y a qu'erreur et fantaisie». Serait-il alors impropre de considérer Jacques Bainville comme le précurseur de l'anthropologie politique, voire, plus largement, de la science politique moderne, dans la mesure ou, s'inspirant de Sainte-Beuve, Bainville imprimera à son uvre une rigueur autant qu'une consistance scientifique ? Mais l'apport de la thèse de Dickès consiste surtout à extraire Bainville du mouvement royaliste d'Action française dont il était l'un des animateurs brillants, pour en retenir l'homme Bainville, le penseur autonome, spécialiste pointu de l'Allemagne (polyglotte, il parte l'allemand, l'anglais et comprend l'espagnol), diplomate, économiste averti, chroniqueur au Capital (on lui prête d'ailleurs cette formule selon laquelle, s'il s'était appliqué à lui-même ses propres conseils boursiers, il aurait fait fortune). Bainville croyait en la réconciliation franco-allemande, au lendemain de la défaite de 1870, ce qui suffit à relativiser la germanophobie qu'on lui accole trop souvent sans discernement, laquelle était d'ailleurs caractéristique de l'intransigeance de Maurras sur cette question.

Bainville, l'héritage

Mais Bainville, grâce à cette méthode que Maurras baptisera l'empirisme organisateur, restera pour ses terribles Conséquences politiques de la paix, ouvrage prophétique dans lequel il entrevoit avec une lucidité froide, la Seconde Guerre mondiale et le réveil d'une Allemagne devenue nationale-socialiste à cause de son unification retrouvée.

Christophe Dickès révèle également un Bainville inattendu, en proie à des états d'âme qui le conduiront a un nihilisme, lequel était «une tentation et non un absolu». Sa fidélité à ses amis de l'Action française l'empêchera sûrement d'embrasser une carrière que le «Tout-Paris», avec lequel il entretenait d'étroites relations, s'empressait pourtant à lui offrir sur un plateau, ce au gré des opportunités. Dans le fond, et c'est ce qui le rend profondément attachant y compris, probablement, pour ses propres ennemis, «Bainville, par-delà son analyse, laisse en effet une grande part à la puissance des sentiments, lui qui était considéré à tort par ses contemporains comme un homme froid». Tombée dans l'oubli après guerre, son oeuvre connaît un regain au lendemain de la chute du mur de Bertin. Et s'il est un homme encore actuel, c'est par sa méthode, mêlant observation des faits, prise en compte du principe de causalité, connaissance de L'histoire et de la psychologie humaine.

À l'heure où, dans notre vieille Europe, les nations sont en pleine décomposition (alors que d'autres, dans cette même vieille Europe, montrent qu'elles ne veulent pas sombrer dans le maelström babélien), il est opportun de se demander pourquoi celles-ci sont pourtant plus que vitales à la survie de l'Europe. Il est primordial pour nos gouvernants de plonger dans notre histoire pour y trouver la bonne réponse, car, comme le disait Bainville, «un homme politique qui ne connaît pas son histoire est comme le médecin qui n'est jamais allé dans un hôpital».

ARISTIDE LEUCATE


Christophe Dickès : Jacques Bainville - Les lois de la politique étrangère. Bernard Giovanangeli Editeur - 2008 - 23 euros.

mercredi 16 juillet 2008

Eric Woerth, ministre croupion

Dans une vidéo réalisée par Alain Lambert, ex-ministre du Budget, qui tourne sur le net, Gilles Carrez, rapporteur (UMP) général du budget, flingue en direct Christine Lagarde et Eric Woerth. Il les accuse de brader le budget de l'Etat en cédant à tous les lobbies qui réclament des baisses d'impôts.

On voit que l'Etat, qui se trouve entre les mains de politiciens représentants des intérêts privés, cultive les déficits pour subventionner largement un tas d'organismes, sociétés, associations, qui n'ont que peu de rapports avec ses missions régaliennes : police, défense, finances, justice, comme par hasard mises au régime des plus secs. Et nos politiciens promettent, accordent, dépensent, dégrèvent, selon la puissance des lobbys, sans se préoccuper si l'argent existe pour donner ainsi.

J'ai comme l' impression, fort désagréable, qu'il n' y a plus de pilote dans l' avion, mais plutôt une bande de rigolos et glandeurs venus de partout qui ramènent leur fraise, donnent deux ou trois leçons farfelues à la piétaille que nous sommes, se servent en subventions, honoraires, indemnités, cadeaux, et pleurnichent qu'il y a trop d' Etat, alors qu'ils passent leur temps à s'en servir.
En fait, la gestion publique est entre les mains de politiciens qui sont la pour se servir de l'Etat, des politiciens cherchant plus à faire plaisir à leurs "amis" qu'à s'occuper de la France, du travail, des petites gens et du lendemain.

mercredi 9 juillet 2008

Pourquoi l'Irlande a eu raison ?

Parce que la construction européenne n'a pas de légitimité : au plan historique comme au plan politique elle n'en n'a pas. D'entrée de jeu, l'Europe s'est construite par le haut
Il faut donc en déduire que les élites européennes et non les peuples y trouvent des intérêts supérieurs pour elles-mêmes. Ainsi la construction européenne se fait sans les peuples, dans le secret des cabinets, dans la pénombre des commissions, dans le clair-obscurs des cours de justice.
Voilà 35 ans que toute une oligarchie d'experts de juges de fonctionnaires, de gouvernants prend au nom des peuples, sans en avoir reçu mandat des décisions. L'Union européenne, fer de lance de l'idéologie mondialiste va en réalité à l'encontre des vrais intérêts des peuples et des nations d'Europe

Parce que l'Union européenne qui a déjà dépensé depuis sa création et continue de le faire des centaines de milliards d'euros avec un rendement faible dont une partie est régulièrement détournée. C'est devenu une immense machine incontrôlable occupant des dizaines de milliers de commissaires, juges, experts, traducteurs et autres fonctionnaires, intervenant sur tous les sujets, sans légitimité démocratique puisque non élus. Eurocrates, assiégés en permanence par des milliers de lobbyistes qui défendent leurs intérêts particuliers

Parce que dans l'histoire, tous les empires ( celui d'Alexandre, romain, ottoman, chinois, pré-colombien, espagnol, allemand, français anglais, russe) contrairement aux Etats-nations qui n'ont fait que s'étendre en nombre, se sont effondrés dans des anéantissements les plus coûteux en vies humaines comme en désastres économiques. Il faut en tirer la conclusion que l'Etat-nation a été et demeure la structure la plus adaptée d'une économie efficace de la protection des peuples et de l'expression des valeurs démocratiques Or un super-Etat serait inadapté
D'abord il serait économique inefficace dans son fonctionnement, ce qui signifie qu'il n'apporterait pas aux citoyens de meilleurs services publics ni de meilleurs coûts de production. Il coûterait plus cher en impôts
Ensuite cela entraînerait
une multiplication de lois et règlements supplémentaires, aux fins supposées d'harmonisation des législations nationales qui les paralysent
Enfin on constate que partout dans le monde les grandes structures subissent des forces centrifuges qui les fragmentent et les désintègrent
En conclusion dans un environnement de compétition pour l'efficacité maximale le poids d'un super Etat trop lourd à porter cassera la croissance
A l'heure du déferlement chinois on ne met pas en place une administration de l'Europe de type napoléonien ou soviétique avec un Etat, une monnaie, une Banque centrale, un Parlement, une commission, une Cour de Justice et un Conseil pour gérer la vie de plus de 460 millions d'habitants qui n'aspirent qu'à la démocratie participative


Parce que l'euro est une création artificielle politique créée pour rendre irréversible l'intégration des états-membres dans l'union et la construction institutionnelle et politique de l'UE. La convergence annoncée entre les conjonctures des pays-membres de l'euroland comme celle de leurs niveaux de prix ou de leurs taux d'inflation ne s'est nullement produite. C'était d'ailleurs attendu : les conjonctures sont trop différentes. Actuellement par exemple la quasi récession en Allemagne et, à un moindre degré en France appellerait une baisse du taux d'intérêt et une baisse du taux de change alors que la vigueur de l'expansion en Espagne demanderait une politique inverse
C'est la transposition d'un modèle étatique, dirigiste et constructiviste alors qu'une monnaie commune mais non unique aurait été préférable

Etrange renoncement que cette abdication de vieux peuples qui semblent fatigués de lutter pour leur souveraineté. Alors que survivre à la mondialisation est une lutte impitoyable qui nécessite de s'armer pour la guerre économique, faire croire aux peuples comme le font les dirigeants européens actuels qu'ils peuvent jouir sans effort de la bienveillance universelle en s'en remettant à l'Union, est criminel
Etrange renoncement de cette France qui a inventé un modèle d'équilibre politique auquel elle a renoncé non parce qu'il est périmé mais parce qu'elle n'y croit plus
Avec la construction d'un super Etat européen, nécessaire à l'arbitrage entre les intérêts nationaux et communautaires comme à l'administration de l'ensemble, l'UE deviendra un mammouth follement coûteux ingérable et obsolète ce qui signifiera la fin de toute capacité d'adaptation ou d'opposition aux forces déstabilisatrices de la mondialisation

L'idée qui consiste à considérer les Etats-nations comme des ensembles dépassés, incapables d'assurer leur stabilité politique comme leur croissance est absurde parce que constamment démenti par les faits
Au même titre que la perte d'une langue est une tragédie pour la diversité culturelle du monde et que l'institution d'une langue universelle prépondérante (du type Espéranto) dans les instances internationales serait une action totalitaire

jeudi 5 juin 2008

Traité de Lisbonne : la Ligue du Nord veut un référendum

Le gouvernement italien a adopté un projet de loi sur la ratification du traité de Lisbonne. Mais la Ligue du Nord a émis des « réserves », et « proposera une loi sur un référendum » lorsque le texte viendra devant le Parlement. « Nous sommes face à un cas grave d’abandon de souveraineté, la consultation populaire ne doit pas être évitée », a souligné Roberto Calderoli, membre de la Ligue et ministre de la Simplification des lois.

mercredi 23 avril 2008

Jeanne 2008

Chers amis,
Comme tous les ans, l’Action française organise un défilé national en l'honneur de la sainte de la patrie : Sainte Jeanne d’Arc. A l'occasion de cette manifestation, il sera organisé un week end militant qui viendra compléter le défilé et permettra à tous, provinciaux, parisiens, militants et sympathisants, de se rencontrer et de renforcer des liens dans une amitié d'Action française. Nous demandons à tous de vous mobiliser et de venir participer à ce week end royaliste, afin de montrer notre présence face au régime et également de venir exprimer votre fierté d'être français.

Le programme du week end sera le suivant:

Samedi 10 mai : après midi militante
Fin d'après midi : réunion publique sur le thème "les 40 ans de mai 68" aux locaux de l'AF : 10 rue Croix-des-Petits-Champs 75001 Paris

Dimanche 11 mai : défilé de Jeanne D'Arc : rendez-vous à l'angle de la rue Royale et de la Rue St Honoré à 9h30.

Nous comptons sur votre présence !

Pour que vive la France, vive le Roi!

Amitiés royalistes.